Ce qu’il faut savoir sur l’apiculture en France

L’apiculture en France vit un grand paradoxe car si les français consomment pas moins 40.000 tonnes de miel chaque année, avec une tendance à l’augmentation, la filière se porte de plus en plus mal avec une production chutant de moitié en 20 ans. L’année 2016 a été l’apogée avec seulement 10.000 tonnes de produits contre 30.000 tonnes en 1995. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce secteur dans l’Hexagone.


Les abeilles en péril

La profession d’apiculteur est confrontée à un défi majeur à l’heure actuelle car depuis une vingtaine d’années, la mortalité des abeilles s’est nettement aggravée. En effet, on est passé d’un taux de 5% par an à une moyenne ahurissante de 30%.

En tête de la file des « tueurs d’abeilles » figurent les pesticides. Un projet de loi de « reconquête de la biodiversité » a été voté tout récemment pour réduire progressivement à partir de cette année 2018, l’utilisation des pesticides néonicotinoïdes, responsables de cette hausse de mortalité.

Outre les pesticides, on note également l’impact de l’évolution du paysage agricole français, qui tend vers la monoculture mais aussi le bouleversement climatique tel que la canicule ou la gelée tardive qui perturbent la floraison des fleurs mellifères. Si l’attaque du frelon asiatique peut être prévenue par les pièges à insectes, des ennemis de longue date comme le parasite Varroa ou le champignon nosema ceranea sont toujours tenaces.

Tous ces facteurs ont obligés les apiculteurs à s’adapter, en ayant recours à la transhumance, le renouvellement des reines ou le fait de nourrir les abeilles pendant les périodes difficiles.

L’apiculture en France et la concurrence mondiale

L’apiculture en France a du mal à survivre face à la concurrence mondiale. Un responsable du Syndicat des Producteurs de Miel de France qualifie même le marché de « malsain » avec l’introduction de miel d’importation à très bas prix, et dont l’authenticité n’est pas toujours vérifiée. En général, le miel contrefait est reconstitué de façon artificielle en combinant des pollens avec du sirop de riz ou de maïs, et est vendu à des prix défiant toute concurrence.

La prolifération de cette contrefaçon découle d’un vrai problème à l’échelle de l’Europe avec le peu de contrôle qu’on attribue au marché du miel. Toutefois, l’introduction de l’analyse par RMN, ou Résonance Magnétique Nucléaire, dans les laboratoires permet actuellement de vérifier la composition du miel pour résoudre ce problème.

Un métier mal organisé

A l’heure actuelle, près de 46.000 apiculteurs de France ne disposent que moins de 50 ruches contre 600 autres possédant plus de 400 ruches. Si pour vivre de son métier, un professionnel ne doit pas avoir moins de 300 ruches, la conclusion évidente est que près de 92% des apiculteurs français sont des apiculteurs de loisirs, ou des agriculteurs qui n’utilisent la filière miel qu’en tant que complément d’une activité principale. D’autant plus que le métier a complètement changé et exige plus de technique et une véritable formation aujourd’hui.

On constate aussi l’absence d’une véritable interprofession à l’instar de la filière champagne qui pourrait sans aucun doute soutenir la croissance et le développement du métier. Ainsi, au regard de la situation actuelle de l’apiculture en France et à l’allure où vont les choses tant au niveau national qu’au niveau international, cette filière risque encore de souffrir un peu longtemps et au final, on considèrera le miel français comme produit de luxe.